Dès les premiers jours le thermomètre est descendu et nous nous sommes vraiment rendu compte de ce qu'etait le camping quand ça caille VRAIMENT! Comme par hasard, ces trois premieres semaines nous n'avons croisé que deux voyageurs a velos, l'un chti (salut Laurent!), avaleur "professionnel"de kilomètres de pistes cyclables à travers l'Europe, l'autre un vieil allemand, "German Willi", ex-intructeur commando, aventurier et musher en Alaska.
Ce second Gadjo de 70 ans nous a fait un café au petit matin dans la brume. Il tirait une carriole et un vélo surchargés depuis la Georgie. La vie militaire laisse des traces: pour se prémunir d'eventuelles attaques, celui ci possède 4 armes, selon 4 niveaux de danger: bombe lacrymogène, machette, pistolet 9mm et enfin une sorte de stylet "à la James Bond", rangé dans la poche avant et qui "te détruit une tete en 2 secondes" (il nous l'a montré entre 2 rondelles de saucissons).
Un soir en Bavière, dans le brouillard mouillant qui tombe, nous avons envie de trouver un hangard ou une grange pour nous abriter. Dans un hammeau, deux hommes nous demandent si nous cherchons quelques choses: c'est le docteur et son voisin, un retraité alerte et joviale, qui nous propose le rez de chaussée de sa grande maison traditionnelle, "si Madame est d'accord". Erick et Angelika, économistes à la retraite pour la coopération allemande a l'étranger, nous ouvrent leur porte et nous offrent une douche chaude (la meilleure de toute ma vie et de loin!), un lit, des bières et des pommes!!! Ils ont vécu tout deux au Mali, en Mauritanie, au Tchad, au Brésil, où ils ont appris le français et le portuguais. Tout deux sont extremement gentils et prevenants avec nous, intéressants et ouverts. Ce gîte offert a l'improviste chez des gens si agréables nous apporte un énorme réconfort.
Arrivés à Ulm, nous avons pris l'Euro Velo 6, qui relie St Nazaire au delta du Danube en Roumanie. Nous l'avons suivi jusqu'en Autriche, en passant par des passages superbes autour de Passau (Allemagne). Et là, il y a quelques jours, apres Linz, nous avons alapagué un Gaillard sur sa péniche en lui demandant s'il prenait des passagers: surprise, il est ok!!!!!!!
Nous sommes montés a bord et avons rencontré Donald et Svenja, un couple hollandais, leur petit garcon "Leon" et leur 2 énormes chiennes. Ils nous ont acceuilli 3 jours a bord. La peniche "Belle-Air" porte le nom de la Chevrolet de Donald, sa deuxieme passion apres le navire. Celui ci peut transporter un nombre incroyable de conteners. Coût du bateau: 1 600 000 euros, plus le hors bord et le 4x4 à l'arrière, c'est leur demeure flottante, le long des rivières européennes. A bord nous passons du temps dans la cabine de pilotage a apprendre ce qu'il y a à savoir: le radar, les écluses géantes, la radio.... Du haut de notre banquette qui surplombe la riviere, nous découvrons un paysage anciens, fait de villes et d'églises baroques, de vignes, de chateaux forts en ruine, mais aussi de la morne plaine qu'est le Danube bien souvent.
A Bratislava nous allons a terre avec l'equipage en hors bord et prenons un taxi pour visiter la ville. De retour avec l'equipe du bateau, on nous acceuil dans la paillotte où ils dinent, avec une Slavovica au piment. Donald boit du Bacardi dans une tasse a biere d'1 litre. Il est arraché et déchainé, mais il parvient a rejoindre la péniche par la suite, sans trop de zig-zags sur le fleuve...
Le lendemain soir, vendredi 30 octobre, ils nous déposent a Budapest. Voila où nous sommes depuis, dans une auberge surréaliste, au 1er etage d'un immeuble art nouveau délabré qui nous fait penser à un décors d'Almodovar, joyeusement en friche!
Pour Halloween, on nous a invité à une fête donnée chez des expatriés americains, de joyeux gars vivant dans un appartement proche du parlement. Nous y avons rencontré differentes nationalitées et avons festoyé jusqu'a 4h, avant de marcher jusqu'a l'auberge avec nos deux compagnons grecs rencontrés le matin a l'auberge, Costa et Spyros. La ville est belle et décrépite, dynamique et tranquille. Pleine de paradoxes. Nous sommes charmés par l'ambiance et nos deux yeux se régalent du patrimoine art nouveau et art déco, meme si celui-ci est en très mauvais état...
La suite est encore incertaine. Le froid est tombé un peu partout. Camper par -2 degré est vraiment abominable, surtout lorsque la nuit tombe a 16h30 et que l'on ne peut lire sans porter gants et bonnets! nous étions un peu parti bille en tete avec nos Queshuas! Les couvertures de survie ont ete utiles, allumer un feu de camp aussi pour sêcher chaussettes et gants, et réchauffer un boite. Mais nous sommes tout de même parvenus à cuisiner une tartiflette au bord de l'eau, un soir humide où allumer du feu a demandé le sacrifice de quelques pages de Tolkien! Cédric est tombé à l'eau peu après en se lavant les mains. Déjà que l'on était pas très propres... Des pêcheurs turques nous ont offert du thé (les autres était à la bière!).
Voila nos 3 premieres semaines, bien remplies et bien fraiches aussi. Nous sommes partis à la bonne saison y a pas de doute!